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Publié le Par Nicolas Bergé

Le meilleur membre des Satellites

Le point de vue du meilleur membre des Sats, personnage fictif, fortement inspiré des merveilleux membres des Sats.

J’entre dans mon espace de coworking pour une raison. C’est toujours pour les personnes, pour qui j’y trouverai, que je franchis ce seuil tant de fois. J’ai mes objectifs aussi : mieux travailler semble le plus évident. Entre travailler seul chez moi et faire ce que j’aime entouré d’amis, mon choix est très vite fait. Ce choix me plaît et me nourrit. Mon espace de coworking est mon entourage, ma communauté, ma clique. Que je cultive et qui fait de moi le meilleur membre des Sats. Vite, je m’explique avant que vous ne vous étouffiez de rire.

« Quel âge as-tu ? »

Rappelez-vous en cour de récré la première question que nous posions à un nouvel enfant avec qui nous voulions jouer : « t’as quel âge ? ». Pour les enfants, c’est un brise-glace. Pour eux, c’est le point de départ d’une nouvelle amitié, la première question qui en appellera d’autres. Ça m’a inspiré. J’ai encore plus parlant. Quand deux taulards se retrouvent dans la même cellule, celui qui accueille l’autre lui demande d’abord : « t’en as pour combien ? ». Souvent avec argot. Jamais immédiatement il ne lui demandera ce qu’il a fait pour en arriver là et c’est exactement là où je veux en venir.

Quand je rencontre une nouvelle personne aux Sats, je ne lui demande pas immédiatement ce qu’il fait dans la vie. Sciemment. Par goût de la curiosité, j’opte plutôt pour : « qu’est-ce qui t’amène ici ? ». Pour moi, cette question est meilleure à double titre. Elle me permet d’abord d’écouter tout son cheminement jusqu’ici, ses problèmes rencontrés, ses attentes, tant de points dont il est fort probable que je partage la narration et sur lesquels je saurai rebondir. C’est plus difficile si je lui demande d’emblée son métier car que dire si je n’y connais rien ni personne en réglementation pharmaceutique (exemple de la dernière personne que j’ai accueillie hier) : fin de la conversation, voici une chaise et le code wifi, peut-être ? Cette question me permet ensuite de ne pas enfermer cette personne dans sa case métier. Demander à quelqu’un d’emblée ce qu’il fait dans la vie, c’est si réducteur. Je crois que nous sommes bien plus que ce que nos métiers disent de nous et je tente de le prouver. Surtout que, avec la question que je lui pose, son métier surgira forcément dans la conversation et il y a de forte chance pour qu’il m’en parle spontanément. Ma curiosité peut bien aller au-delà du métier. Elle vaut mieux que ça. J’ai le temps de le connaître, lui et son métier, comment il travaille et ce qu’il pense de son travail. J’ai envie de démarrer cette relation en lui demandant ce qui l’amène ici.

« Peux-tu me montrer ? »

Je parle peut-être trop de curiosité mais c’est elle qui m’a fait venir ici dans cet espace de coworking et c’est elle qui m’y fait rester. La communauté des Sats est diverse, multiple et il n’y a rien d’oxymorique à cela. C’est une richesse chaque jour qu’il me plaît d’explorer tel un aventurier, machette à la main ; ma machette à moi, c’est mes questions. J’admire bien évidemment tous ces métiers différents, tous ces parcours, toutes ces connaissances, toutes ces expériences réunies en un seul lieu. Quel autre endroit autour de moi me permettrait de saluer un ingénieur, de prendre un café avec un jazzman, de déjeuner avec un grimpeur, de rire avec un peintre ? Personne ne fait la même chose, même ceux qui font le même métier. Et moi qui me proclame meilleur membre de la communauté, je ne suis pas pour autant le meilleur professionnel. J’apprends toujours et je continue de comprendre comment le monde des affaires tourne. Alors parfois il m’arrive de bégayer ma question favorite : « peux-tu me montrer ? ». J’ai remarqué que cette question ne dérangeait point, ne faisait perdre de temps à personne. J’ai aussi remarqué qu’avec cette question on était heureux de me montrer ce qu’on fait de bien, ce qui nous rend un peu spécial. C’est pourquoi je suis le premier à me rendre au moindre événement où un membre parle de son métier, demande de l’aide sur un obstacle qu’il rencontre, propose d’expliquer une technique dont il détient les secrets. Tous ici sont des mentors. « Peux-tu me montrer ? » : à volonté ! Bien sûr, avant d’être ce meilleur membre, j’ai observé, j’ai écouté, toujours avec curiosité, d’abord en silence, puis j’ai pris la parole, j’ai apporté ma contribution avant de devenir le champion que je suis, celui qui initie des conversations, qui organise la sérendipité des Sats. Mon truc à moi, c’est la cuisine : une fois par mois, j’enfile mon tablier et en avant les fourneaux ! C’est là que les liens de la communauté se tissent et j’aime y prendre ma part.

« Je sais comment t’aider »

Tout cela n’a de sens que si l’on considère le coworking comme une invitation à participer. Les relations avant les transactions. Mon espace de travail est aussi le lieu que je choisis pour faire partie de quelque chose de plus grand que moi. C’est tout un monde qui se dessine chaque jour ici et c’est ce monde-là que j’ai choisi. J’en obtiens mes récompenses. Je connais tout le monde ici. La grande force de ma communauté de coworking, c’est sa diversité. J’aime parler avec tous, chaque jour. J’aime pouvoir me rappeler des discussions que j’ai eues avec chaque membre. J’aime prendre un moment pour réfléchir aux rencontres utiles et nécessaires dont untel a besoin. Loin de moi l’idée d’être au centre des Sats ! Si j’applique une tactique, c’est plutôt de ne pas être ce membre indispensable et d’inspirer tous les autres à suivre mon comportement, à aller vers l’autre pour que tous se rencontrent et puissent aisément dire : « je sais comment t’aider ». J’adorerais y arriver.

Voici ma maigre contribution.